Une symphonie de la vie?
Une famille se joue à plusieurs voix surtout si la famille est grande, et de fait une famille s'agrandit toujours et même de la part de ceux dont on n'aurait pas dit qu'ils feraient des enfants.
Une famille se joue à plusieurs émois, et là la palette est immense et pour coordonner tous ces ressentis, pour faire émerger ceux qui trop pudiques ont choisi le silence, la chose est complexe.
La famille se joue à plusieurs actes qui rebattent les cartes des destins tout tracés et exercent cette force centripète qui fait se retrouver ceux qui se sont éloigné.
Une tête qui les pense tous, un corps qui les incarne tous, une voix qui les fait résonner tous, un jeu qui les fait vivre tous, tel est le défi lancé par Marie-Magdeleine, dans Tant bien que mal. La vitesse incroyable lors du passage d'un personnage à l'autre condense le récit, offre la totalité, et l'on se surprend à jongler sur tous les niveaux quasiment simultanément. Le texte laisse voir le côté attachant de chacun, attachant comme la vie dans ce qu'elle a de factuel, d'inévitable peut-être, en tout cas obligeant de faire avec ce qui est parce que c'est là et que l'on ne peut pas revenir en arrière. Il y a bien un fil du souvenir qui laisserait croire ce retour possible, mais ce n'est que le recours à la force du passé pour surmonter le présent.
Le batteur joue un rôle double, la petite voix intérieure et informulée des personnages, mais aussi celui d'une voix distanciée qui donne encore plus de crédibilité à cette tornade affective.
Il y a dans ce spectacle une joie pure amenée par la performance et le choix des mots qui visent à faire exister, au sens fort et à un nombre époustouflant d'exemplaires pour une seule comédienne, des êtres dans la complexité de leur histoire. Cette joie est celle des retrouvailles des protagonistes, mais surtout celle des spectateurs que se reconnaissent ou reconnaissent l'un des leurs au détour d'une expression, d'une mimique, d'un mot, d'une situation. La joie face à l'universel de l'être qui donne la force de continuer. Une joie grave et pleine.
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