Une formalité...
Ça devait être une formalité, tout avait été pensé en amont plutôt deux fois qu’une, la volonté, l’engagement de longue date, le soutien des amis, la fusion avec Isa, tout était réuni pour que marche la collecte de son sperme pour une FIV, détail insignifiant de la procédure.
Mais justement à l’annonce de la « procédure » quelque chose se grippe, et ce qui ne devait durer que quelques minutes, devient un mur infranchissable. « Vous avez tout votre temps M. Arnaud », et le temps est délétère, il corrode les meilleures volontés dans le passage à l’acte.
On entre alors dans la pensée de Marc qui nous livre ses doutes, ses faiblesses, son histoire, les conseils des amis, une galerie de portraits inouïe que la lumière fait vivre avec une intensité et un réalisme tout à fait surprenants. Le génie du spectacle est de faire vivre autour d’un tabouret sur lequel est posé un gobelet avec tendresse et lucidité cet environnement inattendu : comment peut-on penser à tout ça durant un acte aussi simple. Justement ce n’est pas si simple, car le fait de l’avoir intégré dans un protocole médical le rend étrange et inverse sa portée ; l’inquiétante étrangeté où le spermatozoïde est bébé avant même d’avoir rencontré l’ovule, il intègre une fonction nouvelle, une responsabilité démultipliée. Une action qui auparavant se faisait sans y penser, naturellement est investie soudain d’un poids énorme dès que les conséquences sont mises au premier plan. Nous rions tout le temps, le rythme frénétique, inversement proportionnel au blocage du protagoniste. Mais tous les rires sont présents, chacun à un degré différent pour une raison différente. La possibilité laissée par l’auteur Marc Arnaud de rire de ce que l’on veut finalement donne une force et une bienveillance à ce spectacle, qui force la compréhension d’une âme humaine, à nue, dans cette petite pièce de collecte de l’hôpital.
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