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L'amour des gens


Sabrina Chézau est seule en scène, et incarne plusieurs personnages dont elle a écrit l'histoire. Une écriture profonde, et un jeu empli d'amour. Même la vieille peau de vache de contremaîtresse est traitée avec bienveillance et humour. Mais attention rien n'est mièvre ici, il s'agit d'un amour rayonnant, vrai, capable de saisir l'essentiel de l'existence ou de la situation du moment. Il y a une histoire bien sûr, mais la focale se dirige sur les gens et ce qu'il se passe en eux. Et c'est là que le corps de la danseuse, Sabrina Chézau toujours, fait émerger cette intériorité : le plus exposé révèle le plus caché. On pourrait parler de métamorphose dans l'existence, de féminisme, d'affrontement des étapes difficiles de la vie, de philosophie de vie, de lutte sociale, de combat contre la maladie, de conquête de soi, on pourrait focaliser sur des détails toujours justes et signifiants, mais l'essentiel est ailleurs.

Au passage d'un personnage à l'autre, le corps se transforme, parfois imperceptiblement, parfois de manière plus éclatante, et cette mutation nous inscrit tout de suite dans son intériorité, dans ses pensées, dans son passé, ses non-dits. Denise en dit plus avec son corps, son économie de gestes, de voix, de présence, presque s'effaçant devant les autres et jusque devant sa nouvelle évidence, que dans le texte qu'elle dit. C'est pour cela, pour cette subtilité, que nous voyons ici l'amour des gens , un amour don que Sabrina offre à ses personnages, mais aussi que Denise vit de manière authentique. Une grande inspiration, et le mouvement s'exécute, la grâce, la sensibilité, la tendresse, le souffle chaud de l'amour .

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