D'où je viens?
Difficile d'avancer si l'on ne sait pas d'où l'on vient. Alors on tourne en rond accroché à son passé, dit et non dit, empêtré dans une relation qui bégaye, des échanges ritualisés et des blocages à répétitions. Jérémy Barbier d'Hiver nous offre un texte labyrinthique où la ruse le dispute à l'innocence. Son jeu l'air de rien sonde la difficulté de faire surgir le non dit dans une relation depuis longtemps fixée sur un point de silence. C'est un jeu ancien où chacun développe sa stratégie en douce l'un pour savoir, l'autre pour cacher le secret des origines. Et la lutte a envahi jusqu'au corps de la mère (jouée par Julie Teuf) au point de s'endormir d'un seul coup quand l'on se rapproche trop près de la vérité, au point de ne plus pouvoir se déplacer qu'en fauteuil, s'accrochant à cette dépendance. Il y a quelque chose de Beckett, non seulement dans le fauteuil qui fixe le destin, mais aussi dans la langue qui cisèle les mots comme les armes d'un combat absurde. C'est
le jeu de la vie, de la recherche de son sens, dérisoire et fondamentale.
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