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Interview avec Violette Campo

La pièce Ay Carmela ! écrite par José Sanchis Sinisterra en 1986, met en scène deux comédiens, Paulino et Carmela, dans un contexte de Guerre civile espagnole. Ces deux comédiens vont être forcés de travailler, en échange de leur vie, sous les ordres d’officiers italiens franquistes. Ils devront présenter un spectacle dont les paroles, les dialogues et la direction scénique seront imposés, et seront amenés à ridiculiser la République et ses partisans, à contrecœur.

Cette pièce nous pose donc la question de la fonction du théâtre, mais aussi de l’artiste. Les différents espace-temps utilisés nous font voyager entre les joies de l'art, la tristesse de la mort, la hantise des souvenirs du passé.

Nous avons eu la chance de pouvoir interviewer un des comédiens. Voici donc notre interview avec Violette Campo :

Interviewer : Combien de temps vous a pris la mise en scène ?

V.C : « Alors on a travaillé sur le plateau, comme on dit, à peu près 6 à 7 semaines. Après il y a tout un travail de recherche, de coproducteur. C’est-à-dire que pour monter un spectacle il faut de l’argent, parce que ce sont tous des professionnels : le vidéaste, le gars de la lumière, et puis le jeu, la création de lumière, de musique. Vous avez vu, il y a de la musique, de la lumière, de la vidéo, des acteurs. J’ai fait la mise en scène mais comme je jouais, j’ai eu besoin d’une assistante pour me guider dans le jeu parce que les partis pris de mise en scène c’est toujours des choses que tu peux réfléchir à l’avance, avec le scénographe par exemple, qui a fait le tableau de peinture et tout ça. Donc ça je l’ai travaillé en amont, mais après quand il s’agit de jouer, d’interpréter, il faut qu’il y ait, comment dire... une assistante, quelqu’un qui te dirige au niveau du jeu. »

Interviewer : Avez-vous choisi les musiques ?

V.C : « Alors, voilà, les musiques, j’ai travaillé avec Pierre Michel Grade qui a composé les musiques et donc on lui disait : « Pars du thème de Ay Carmela ! », le chant qu’on entend beaucoup de fois, et par exemple quand il prend le foulard blanc au début, c’est quelques notes, mais un peu bizarres... pas tout à fait transformées. Mais à chaque fois je lui disais, les coups de feu par exemple, c’est de la guitare électrique, c’est des sons, je voulais… enfin comment dire, j’ai voulu suggérer les choses, sans tomber dans le réalisme. Parce que, comme vous avez pu le voir, ça démarre par une scène complètement dingue, puisque c’est le fantôme qui arrive sur le théâtre, sur la scène, donc dans le théâtre. Donc effectivement je voulais quelque chose qui soit très épuré pour pouvoir changer de temps et de lieu. Et en même temps que ce soit onirique à des moments. Il y a des moments cette pièce elle mélange les genres. A des moments c’est poétique, d’autres c’est cru, trivial, grotesque, comme la scène du docteur Touche-moi-tout. Donc c’est ce que j’ai aimé dans cette pièce, c’est tout ce mélange de genres. »

Interviewer : C’est vous qui avez décidé de mettre le voile ? C’était la séparation entre le rêve et la réalité ?

V.C : « C’est exactement ça, oui. Tout ça vous voyez ça s’appelle la scénographie, et en fait, on a travaillé avec le gars de la lumière, avec le scénographe et moi bien sûr. C’est en lisant le texte que j’imagine des choses, et moi je voulais qu’elle traverse la tulle. Mais impossible parce que je me suis renseignée, la tulle si on la coupe en deux elle gondole, donc ça n’allait pas. Donc du coup vous avez vu on a fait une sorte d’ouverture pour qu’elle apparaisse puisque à un moment donné, dans le troisième tableau, elle vient sur scène. Et il fallait qu’elle arrive de là où on l’avait vue. Mais là où on s’est posé beaucoup de questions c’est par rapport au fait que le fantôme apparaît 3 fois. Et il fallait le faire apparaître de manière différente à chaque fois. Donc on a beaucoup travaillé sur ça, avec le vidéaste, c’est-à-dire le metteur en scène. Il a quelques idées mais il s’appuie beaucoup, je m’appuie beaucoup aussi sur le côté créatif du vidéaste puisque lui aussi il avait plein d’idées. Et après moi je dis oui, plus par-là, plus par-là… C’est aussi un travail en commun la mise en scène. Tout ne vient pas du metteur en scène. Il a des idées, une direction. Par exemple moi je ne voulais rien de réaliste, je voulais que tout soit suggéré. Je ne voulais pas qu’elle tombe au sol quand on la tue et tout ça. Mais en même temps, il faut aussi travailler avec l’imaginaire et la créativité de chacun. Et… Bon, l’acteur et le metteur en scène tranchent. »

Interviewer : Avez-vous déjà vu une reproduction de cette pièce ?

V.C : « Alors non mais j’ai déjà vu sur YouTube, parce que c’est un texte espagnol puisque l’auteur est espagnol. J’ai vu des extraits, pas mal d’extraits. Dans la didascalie il est dit que c’est un vieux théâtre pourri, pas un peu délabré. Ce n’est pas ce choix-là que j’ai fait, et toutes les mises en scènes que j’ai vues c’est souvent une lampe qui s’allume, le fantôme qui apparait, on le voit pour de vrai. Donc ça je n’aimais pas. Je voulais vraiment créer du mystère, et créer du fantastique. »

Interviewer : Pourquoi avoir choisi une mise en scène aussi minimaliste ?

V.C : « Eh bien justement pour pouvoir changer l’espace-temps. Puisqu’on est dans le présent et le présent est fantastique. Ensuite on va dans les flashbacks, on est avant le spectacle pendant la répétition, après on est pendant le spectacle avec les fascistes qui rentrent sur scène, etc, etc… Donc je voulais pouvoir, avec un espace assez épuré, pouvoir faire tous ces espace-temps. Si j’avais trop situé des scènes d’aujourd’hui, sur un théâtre, avec des objets, après tu es coincé. Comment les enlever ? Alors qu’un espace vide tu peux imaginer, tu suggères, les gens comprennent. Ils comprennent très vite et très facilement en fait. »

Interviewer : Avez-vous fait des modifications au niveau du texte ?

V.C : « Oui j’ai coupé un peu, parce que la pièce dure déjà 1H40. Dans l’épilogue j’ai coupé un peu aussi parce qu’il faisait plusieurs pages. J’ai coupé une dizaine de pages. Oui, parce que sinon ça faisait trop long aussi. »

La pièce se jouera pour la dernière fois à la MJCL de Mourenx le 6 avril. Il semblerait que la renommée qu'elle s'est créée, en autres grâce au bouche-à-oreille, marche très bien. Même si elle ne se joue que dans les environs du Béarn, le nombre toujours plus croissant de spectateurs prouve un certain succès.


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