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The Great Disaster : Interview d’Olivier Dutilloy dans le rôle de Giovanni Pastore


Nous sommes deux lycéens du lycée de Mourenx et ce soir, nous sommes partis à la rencontre de l’unique comédien de la pièce, interprétant le personnage Giovanni Pastore, un travailleur clandestin sur le Titanic qui fait dans la pièce le récit de son voyage sur le navire. Olivier Dutilloy a bien voulu répondre à quelques-unes de nos questions :


  • En combien de temps peut-on apprendre autant de texte ?

Olivier Dutilloy : Eh bien cela dépend de chaque comédien, moi je l’ai appris en trois/quatre mois mais en travaillant un quart d’heure, vingt minutes par jour, c’est largement faisable. C’est vraiment des paliers : tu apprends une demi-page, puis tu dors dessus, tu reprends le lendemain et puis tu en apprends un peu plus. Il faut du temps. Donc quand on a des textes à apprendre, il faut s’y prendre longtemps à l’avance, laisser poser, ne pas vouloir tout apprendre d’un coup, faire des strates petit à petit. Et puis ensuite, il y a les répétitions : tout se crée dans le corps, dans les mouvements de mise en scène. Je pense que ce n’est pas le plus compliqué, il faut juste du temps et du travail de mémorisation.


  • Tout au long du spectacle, on peut remarquer des mimiques très répétitives. Les avez-vous aussi dans la vie réelle ou pas ?

Olivier Dutilloy : Quand je suis comédien, le sourcil se lève parce que je dis cette parole-là, parce que je vis cette tranche de vie de Giovanni Pastore qui fait que d’un seul coup j’ai cette mimique-là. Alors on peut aussi la retrouver après, parce que nous ne sommes qu’une seule personne, mais c’est surtout l’auteur et le génie de l’écriture qui font que tu vas te comporter sur scène différemment. C’est la parole de Patrick Kermann (l’auteur) donc, cela va me faire faire des mouvements, ressentir des émotions que je n’ai pas forcément dans la vie mais que je peux avoir parce que cela passe par le jeu du théâtre.


  • Pourquoi ce choix pour la mise en scène, le choix de rester immobile ?

Olivier Dutilloy : Anne-Laure Liégeois, notre metteuse en scène, a créé déjà ce spectacle il y a vingt ans avec un autre comédien, avec une scénographie. Il y avait une grande jetée, des aquariums, de la lumière, du son, de la musique… Et puis après, elle l’a remonté dans une petite forme plus dramatique, qui était destinée à être jouée dans des lieux qui n’étaient pas forcément des lieux de théâtre, donc nous avons créé une petite forme : c’était un tas de vêtement, avec des valises, un aquarium encore, une bassine avec des petites cuillères… Mais ensuite, Anne Laure a encore refait une mise en scène, en se disant finalement que tout cela c’était des béquilles, que cela ne servait pas forcément le texte et on n'en avait surtout pas vraiment besoin. Donc la nouvelle mise en scène ne disposait que d’une chaise, une petite cuillère et un poste de radio. Et finalement, on remarque que même cela, nous n’en avons pas besoin. Et puis, je bougeais encore et elle m’a finalement dit : on n’a pas besoin de bouger. On a juste remarqué que ce texte est suffisamment riche en images, pour qu’une mise en scène avec des décors et des mouvements alourdisse trop la pièce, et empêche l’imaginaire du spectateur de voyager dans le texte. Ce n’est pas forcément le cas pour un autre texte. Et en plus, le personnage que j’incarne est mort : il ne bouge plus, et rien n’est plus évident que de le représenter immobile. D’ailleurs Patrick Kermann a écrit un autre texte qui s’appelle « La Mastication des Morts », sa première pièce, et donc en quelque sorte sa première « mastication ». C’est quelqu’un qui a eu un rapport troublant avec la mort puisque qu’il s’est suicidé et dans ses textes on retrouve cela: la mort est omniprésente. Finalement la metteuse en scène s’interroge sur la question « Quelle est la meilleure façon pour faire entendre ce texte là ? », et nous sommes donc arrivés à ce point radical où personne ne bouge et où il n’y a qu’une petite parole. Et ce texte, je peux le jouer sans régisseur, dans n’importe quel lieu, par exemple ici même.


  • Pourquoi avoir décidé d’éclairer le public durant le spectacle ?

Olivier Dutilloy : Normalement, le personnage est là, à raconter toujours la même histoire. Mais la metteuse en scène a finalement décidé que les spectateurs et le comédien seront dans le même espace. Moi, j’ai besoin de voir les regards, de voir les gens pour qu’il y ait une vraie adresse. Des fois au théâtre, il y a un quatrième mur, le spectateur n’existe pas ; tandis que là, nous sommes dans le même espace de jeu. De plus, le fait d’avoir la lumière sur moi et sur le public peut créer un effet un peu fantomatique. A un moment, le regard se trouble, et on ne capte que ce qui bouge.


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