Un petit bijou de grâce et de poésie
Les papillons étrangers de Monique Caminade est un véritable moment de grâce et de poésie. Musique, danse et lumière se mélangent sur scène transportant le spectateur dans un univers complexe et sentimental. Au milieu d’un décor simple mais qui donne à la pièce tout son sens, la brillante et talentueuse Violette Campo incarne à la fois un metteur en scène et ses nombreux personnages aux caractères et couleurs bien différents. Un jeu s’installe alors avec l’imagination du spectateur passant du réel à l’irréel.
C’est donc un soir de bal, dans un petit village aragonais, que trois femmes, deux frères, une poétesse et la majestueuse Ester nous plongent dans les années 80 dans l'Espagne de la transition. Deux mondes se font alors face, celui d’une Espagne fermée au changement et celui d’une Espagne qui se veut moderne. La vénéneuse Marta ne pourrait-elle pas représenter cette Espagne conservatrice ? Et l’énamouré Pablo aux idées de liberté qui cherche à honorer la mémoire de son père républicain ne représenterait-il pas cette Espagne libre ? Pourtant tous deux vont se perdre, l’une dans la jalousie, l’autre dans l’amour. Au milieu de cette Espagne naît un amour qui donne à la pièce une tonalité tragique. Le couple est interprété par les incroyables danseurs Flora Duart et Jean David. S’installe alors tout au long de la pièce un jeu entre lumière et obscurité, danse contemporaine et classique avec jeux théâtraux et enfin une magnifique musique qui vient sublimer le tableau.